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Libération

«Nous sommes des survivants»

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publié le 14 octobre 2003 à 1h22

Bagdad envoyé spécial

Pour la première fois depuis... personne ne sait pour la première fois depuis quand. Peut-être Nabuchodonosor. Pour la première fois, donc, les juifs de Bagdad n'ont pas fêté Kippour à la synagogue. Chacun est resté chez soi, et le rabbin aussi. «J'ai fait mes prières ici, à la maison, avec un ami», raconte Emad Levy. A 38 ans, ce rabbin est le plus jeune membre de la petite communauté juive d'Irak, le berger d'un troupeau de plus en plus clairsemé. Ils étaient 32 à la veille de la guerre, mais depuis, le nombre de juifs d'Irak a encore diminué. Six d'entre eux, dont le père d'Emad Levy, Izra, ont quitté l'Irak pour Israël le 27 juillet.

Ils étaient 75 000 en 1932. «Nous sommes des survivants, mais ça va, on n'a pas le choix. Si je pars, la communauté va mourir.» Le rabbin Levy est le seul lien d'une communauté qui se sent menacée dans un Irak sans maître mais sans règles non plus, un pays où tout peut arriver du jour au lendemain. La chute de Saddam Hussein a soulagé la communauté tout en l'exposant à des dangers nouveaux et inconnus.

En arrivant au pouvoir, en 1979, le dictateur irakien a mis fin aux persécutions contr les 120 juifs d'Irak. «Nous étions tellement peu que nous n'étions plus une menace. Et comme le monde entier se souciait de notre sort, il a fait attention.» Sous Saddam, la communauté vivait comme dans un zoo. «Tous les étrangers qui nous rendaient visite étaient accompagnés d'espions. On écoutait nos conversations au téléphone, on nous s