La Paz correspondance
La Paz ressemble à un champ de bataille. Les pavés des rues servent à monter des barrages, les poubelles s'entassent un peu partout, les vitres ont volé en éclats. Certains bâtiments officiels, reflets du pouvoir, sont détruits. Théâtre des affrontements entre manifestants et militaires, la capitale administrative est au coeur du conflit bolivien. Le gouvernement ne cède pas et continue de s'opposer aux paysans, aux producteurs de coca, aux mineurs et étudiants, tous syndicats confondus. Un mouvement disparate emmené par les deux leaders de gauche, autrefois ennemis, Evo Morales, président du MAS (Mouvement vers le socialisme, extrême gauche) et Felipe Quispe, dirigeant des Indiens Aymaras de l'Altiplano. Les manifestations avaient commencé afin de protester contre un projet d'exportation de gaz naturel vers les Etats-Unis via le Chili, pays voisin mais «ennemi» séculaire.
La ville, d'ordinaire chaotique, polluée et bruyante, est désormais déserte de tout véhicule. L'essence est réservée aux camions militaires et aux ambulances. A pied, les habitants tentent de faire leur marché, en quête de fruits, légumes et autres denrées qui commencent à manquer. Le pain a disparu de la vente. Les commerçants se dépêchent d'écouler leurs stocks avant de fermer boutique.
«Des morts, il y en a eu et il y en aura encore», raconte Fernando, un paysan, avec détermination. Selon l'Assemblée permanente des droits de l'homme, les affrontements de ces vingt-quatre derniers jour