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Libération

Irak: le grand écart de Paris à l'ONU

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La France a fait preuve d'un pragmatisme moins confortable qu'avant guerre.
publié le 18 octobre 2003 à 1h27

Il est toujours difficile de justifier une décision prise à reculons. Les laborieuses explications du ralliement français à la résolution américaine sur l'Irak à l'ONU traduisent un embarras face à un piètre compromis.

Tiraillée entre sa conviction que les Américains font erreur et son tout nouveau pragmatisme, selon lequel Washington finira bien par évoluer, la France se retrouve à faire un grand écart diplomatique, bien moins con fortable que son opposition bravache de l'avant-guerre.

Rien a priori ne justifie le soudain infléchissement de Paris, qui parlait jusqu'ici de s'abstenir si la résolution ne marquait pas un «tournant radical» dans l'ap proche de la reconstruction irakienne. L'ultime version du texte, qui crée une force multinationale sous commandement américain, reste très loin des deux grandes demandes de Paris, soutenues par Berlin et dans une moindre mesure par Moscou : le transfert rapide de la souveraineté aux Irakiens et le rôle clé de l'ONU dans la transition. Washington garde la haute main sur la reconstruction. Et la formation d'un gouvernement souverain est remise à une date indéterminée, quand les Irakiens seront prêts.

Face à une situation qui se détériore, il ne fallait surtout «pas donner l'image d'une communauté internationale divisée», a expliqué Jacques Chirac vendredi. La France veut désormais éviter d'apparaître comme un facteur de blocage : Paris est autant soucieux que Washington de voir l'Irak se stabiliser ; et même si les moyens proposés lui