Menu
Libération

La Bosnie en deuil d'Alija Izetbegovic

Article réservé aux abonnés
L'ancien président musulman, symbole de résistance lors du siège de Sarajevo, est décédé hier.
publié le 20 octobre 2003 à 1h27

Sous son éternel béret bleu marine avec son visage aux traits creusés, Alija Izetbegovic, qui est mort hier, semblait porter la tragédie de son peuple, les Musulmans bosniaques ­ avec une majuscule, car il s'agissait aussi d'une nationalité telle que l'avait décidé Tito dans la Yougoslavie socialiste et fédérale. Une façon de différencier ces Slaves islamisés à l'époque ottomane, des Serbes orthodoxes et des Croates catholiques. Beaucoup l'appelaient «Dedo» (grand-père) avec respect et affection, car Alija Izetbegovic fut et resta jusqu'à sa mort un symbole, celui de la résistance bosniaque entre 1992 et 1995, face aux forces des ultranationalistes serbes soutenus par Slobodan Milosevic, mais aussi face aux ultranationalistes croates appuyés par Franjo Tudjman, qui fut d'abord son allié face à Belgrade, puis son adversaire et à nouveau son allié sous la pression de Washington.

Massacre de Srebrenica. Tout au long de la guerre, ce nationaliste modéré était resté dans Sarajevo, capitale assiégée d'une Bosnie-Herzégovine reconnue indépendante en 1992 par une communauté internationale indifférente, qui longtemps se contenta de fournir un goutte-à-goutte humanitaire sous la protection de Casques bleus réduits à l'impuissance. Plus de 250 000 Musulmans bosniaques sont morts avant le sursaut des Occidentaux en juillet 1995, après le choc de la prise de Srebrenica et le massacre de plus de 8 000 civils musulmans par les forces serbes. Ils aidèrent la contre-offensive des forces croat