La Paz envoyé spécial
Ils étaient près de 10 000, samedi, sur une avenue d'El Alto, pour voir le nouveau président bolivien, Carlos Mesa. L'immense banlieue pauvre qui surplombe La Paz venait de fêter la démission de son prédécesseur, le conservateur Gonzalo Sanchez de Lozada, enfui la veille à Miami. Le week-end précédent, les habitants des bidonvilles étaient tombés sous les balles de la police et de l'armée pendant des manifestations. La répression, qui a fait 77 morts et 200 blessés, avait déclenché la mobilisation des Boliviens contre «Goni», le chef de l'Etat finalement poussé à la démission. «L'assassin est parti, nous avons gagné», répétait, samedi à El Alto, une femme vêtue du châle multicolore indien.
Sur l'avenue, où quelques voitures calcinées témoignent des troubles récents, l'ex-vice-président devenu chef d'Etat, Carlos Mesa, est venu le temps d'un court discours. «Humblement», il a promis justice aux manifestants, dont certains recherchent encore leurs proches disparus. «L'armée est arrivée par trois accès différents à notre quartier, raconte un habitant. Ils ont tiré au hasard.» Après le discours du Président, des mineurs en convois sont repartis vers les mines d'étain, après être venus appuyer les «frères» d'El Alto. Les mineurs promettaient déjà de revenir pour renverser Carlos Mesa, «s'il suit le même chemin que Goni».
Ancien journaliste de 50 ans, Carlos Mesa, indépendant de tout parti, est jusqu'ici perçu comme un homme à l'écoute des manifestants. L'avenir