Genève de notre correspondant
Mâchoire carrée, cheveux blancs, Christoph Blocher rayonne depuis l'annonce des résultats des élections législatives suisses. Plus d'un électeur sur quatre (26,6 %) a voté pour le parti dont il est le leader, l'Union démocratique du centre (UDC). Avec 55 députés sur 200, cette formation résolument à droite, populiste et nationaliste, est devenue dimanche le premier parti au Parlement. Le monde politique suisse, engoncé dans son immobilisme, ne comprend pas encore ce qui lui tombe dessus. Et ce n'est pas fini : la direction de l'UDC vient d'exiger que Christoph Blocher entre au gouvernement, faute de quoi Samuel Schmid, le pâle représentant de leur parti qui s'y trouve déjà de l'aile modérée minoritaire de l'UDC , démissionnerait. Un départ qui ferait exploser la coalition gauche-droite au pouvoir depuis 1959. «Un diktat !», fulmine la classe politique, peu habituée à ces manières à la hussarde. Christoph Blocher doit sûrement sourire de ces réactions. Ces dernières années, ce fils de pasteur de 63 ans devenu un industriel milliardaire a cassé les règles du jeu traditionnel de la politique helvétique, le fonctionnement consensuel à tous les échelons, les alliances tranquilles entre les socialistes et les partis de droite qui se partagent le pouvoir. En dix ans, il a transformé l'UDC, un parti poussif qui stagnait à 11 % des voix, en première force politique du pays. A coups de référendums, il a torpillé nombre de décisions gouvernementales. Il