Bruxelles (UE)
de notre correspondant
«C'est une histoire de cornecul», s'exclame, abasourdi, un fonctionnaire européen. Personne ne comprend comment Chirac a pu se retrouver accusé d'antisémitisme. L'affaire débute dimanche matin. Le quotidien israélien Maariv publie une photo de Chirac accompagnée d'une légende tout en finesse : «Le visage de l'antisémitisme de la France.» Motif : Chirac aurait empêché les Vingt-Cinq d'adopter, dans les conclusions du sommet de Bruxelles, jeudi et vendredi, une condamnation des propos antisémites du Premier ministre malaisien, Mahathir Mohamad, lors de la conférence de l'Organisation de la conférence islamiste (OCI). Celui-ci avait affirmé que «les juifs dirigent le monde par procuration».
L'«affaire» devient diplomatique lorsque le ministre des Affaires étrangères israélien, Sylvan Shalom, affirme que «c'est une honte qu'un pays comme la France fasse preuve de la moindre compréhension ou acceptation des remarques antisémites de Mahathir Mohamad». L'Elysée oppose un démenti formel. Néanmoins, inquiet des effets d'une telle polémique, Chirac envoie une lettre au leader malaisien condamnant ses propos.
Que s'est-il réellement passé ? La présidence italienne de l'UE, lors de la préparation des projets de conclusions avec les directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères, jeudi, a inclus dans le chapitre «Relations extérieures» un paragraphe «OCI» condamnant les déclarations de Mahathir. Plusieurs pays, dont la France, font remarque