La Paz envoyés spéciaux
Surplombant La Paz, à plus de 4 000 mètres d'altitude, c'est une vraie ville de 750 000 habitants. On l'appelle El Alto (le haut), sans plus. Mais cette grande cité, balayée par les vents froids, n'est que le quartier pauvre de la capitale administrative bolivienne, située plus bas à 3500 m d'altitude tout de même. Les déshérités ont été relégués à une hauteur où les riches ne songeraient pas un instant à s'installer. Depuis cette partie de la ville, le regard se perd vers les pics de la cordillère des Andes, au-delà de 5 000 mètres. On aperçoit d'un côté la cordillère Condoriri (montagne en forme de condor), de l'autre un colosse, sommet symbole de La Paz, «El j'acha tata Illimani», le seigneur des Andes en langue aymara. De ces montagnes vient la majorité de la population indienne d'El Alto. D'ethnie aymara à 90 %, ils sont arrivés en ville, attirés par un rêve d'Eldorado qui a parfois tourné au cauchemar.
Artisans. Ramiro est sans emploi, comme la quasi-totalité des habitants d'El Alto. «Il n'y a pas de travail, alors on fait des petits boulots pour nourrir sa famille. Moi, je suis maçon et je gagne quelques "bols" [le boliviano, qui vaut 11 centimes d'euro, ndlr] en aidant à la construction de maisons, mais ça ne suffit pas pour vivre.» D'autres sont artisans, un petit pourcentage travaille en usine, et les femmes, l'une à un carrefour, l'autre sur le trottoir, vendent des sucreries et des salteñas, beignets à base de viande, pomme de terre, pimen