L'expert français Bruno Tertrais, maître de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique (1) décrypte l'accord d'hier sur le nucléaire iranien.
Que signifie concrètement l'accord obtenu à Téhéran par les trois ministres européens ?
Tout ce qui vient d'Iran dans ce domaine doit être pris avec la plus grande précaution. Il est très probable que les programmes nucléaire, chimique et balistique ne sont pas contrôlés par le gouvernement et le président élu, mais par les conservateurs du régime, c'est-à-dire les religieux et les Pasdarans [gardiens de la révolution, ndlr]. D'où deux hypothèses, qu'il est encore impossible de trancher. Soit les factions iraniennes se sont mises d'accord pour geler un programme jugé trop dangereux politiquement ; soit les modérés qui ont signé le texte tentent de passer en force. Il peut également s'agir d'un petit compromis pour gagner du temps et poursuivre un programme militaire secret. En quelques années, l'Iran pourrait être au seuil nucléaire. Je reste très sceptique sur le renoncement définitif de l'Iran à la capacité de se doter de l'arme nucléaire. Ne crions pas victoire trop vite !
L'accord marque quand même un engagement vers la non-prolifération...
Lisons attentivement le texte. Il parle de «suspension» des activités d'enrichissement d'uranium. Suspension, en attendant quoi ? Ce n'est pas encore un arrêt définitif. Il faut également attendre la ratification de ce texte par le Majlis, le Parlement iranien. Je ne serais pas surp