Rarement accusation aussi grave aura été corroborée par des sources aussi antagoniques. «Ce sont les prisonniers de guerre marocains qui ont construit la Rasd (République arabe sahraouie démocratique, ndlr)», affirmait récemment à Paris une délégation de Sahraouis promarocains. Créée par Danièle Mitterrand, la fondation France-Libertés a, elle, toujours apporté un soutien sans faille au Front Polisario, soutenu par l'Algérie et qui revendique la souveraineté du Sahara Occidentale. La mission d'enquête qu'elle a menée pendant quinze jours en avril dans toutes les localités contrôlées par le Polisario Zug excepté et dans les centres de Dakhla, d'El-Ayoun et de Rabouni n'en est que plus saisissante. «Tout ce qui a été bâti dans le camp de détention de Rabouni administrations, écoles, hôpitaux, jardins, puits est le résultat du travail exclusif et forcé des prisonniers de guerre marocains (du Polisario, ndlr). La main-d'oeuvre des camps de réfugiés, des postes militaires et des zones militaires est marocaine (...). Ils ont construit toutes les infrastructures civiles, routes comprises», écrit cette ONG peu soupçonnable de partialité et qui réaffirme d'ailleurs son «soutien constant au droit à l'autodétermination» du Sahara-Occidental.
Brûlé vif. Dans ces camps, situés en territoire algérien, croupissent encore quelque 900 soldats marocains, la plupart détenus depuis plus de vingt ans. Pratiquement tous ont été torturés lors de l'interrogatoire qui a suivi leur capture. A