Washington de notre correspondant
Debout dans le noir, portant la photo de leur mari sur le ven tre, Laura Niesen, 28 ans, et Jari Sheese, 41 ans, se serrent les coudes. Elles sont venues d'Indiana pour une veillée organisée, ce vendredi, par le mouvement Bring Them Home, à quelques mètres du Vietnam Memorial de Washington. Quelques dizaines d'autres personnes sont là, dans le froid, portant des bougies électriques en forme de torche de la liberté : anciens du Vietnam aux gueules burinées et aux catogans gris, étudiants pacifistes aux mines sombres, mères et femmes de soldats.
Les époux de Laura Niesen et Jari Sheese, Joe et Doug, sont basés à Ar-Ramadi, à l'ouest de Bagdad. Réservistes l'un et l'autre, ils font partie de la même unité de journalistes de l'armée. Doug la dirige depuis peu : le précédent commandant, ayant fait une dépression nerveuse, a dû être rapatrié. «Un jour, il a réuni ses hommes et il a dit qu'il repartait, qu'il ne pouvait plus continuer», raconte Jari. Sur les vingt militaires de l'unité, c'était le second à craquer ainsi. Doug et Joe, qui ont dû abandonner leur travail (agent commercial pour le premier, ingénieur télé pour le second) devaient normalement rentrer cet été. Leur «contrat» a été renouvelé d'office, jusqu'en avril, un coup terrible au moral.
E-mails. Depuis plusieurs semaines, Laura et Jari ne peuvent plus leur parler par téléphone : «La batterie de leur satellitaire a été volée.» Par qui ? «Par une autre unité.» Ils peuvent encore s'écrire