Le roi du pétrole russe n'est plus qu'un prisonnier ordinaire. Inculpé d'escroquerie et d'évasion fiscale, Mikhaïl Khodorkovski a été placé en détention samedi soir à Moscou. Dans «une cellule ordinaire, où séjournent quelques personnes, et non dans une salle commune qui abrite jusqu'à quinze détenus», a expliqué hier une source judiciaire russe. Matrosskaïa Tichina, la prison où il a été incarcéré, est l'une des plus surpeuplées de Moscou.
L'arrestation du PDG de Ioukos a été des plus rocambolesque. Samedi matin, son avion, qui venait d'atterrir en Sibérie pour refaire le plein en kérosène, a été rangé en bout de piste. Des agents des services spéciaux sont entrés l'arme au poing dans l'appareil en hurlant : «Mains en l'air, les armes au sol, sinon on tire.» Dans une procédure expéditive, l'homme le plus riche de Russie a été le même jour conduit au Parquet qui l'a inculpé de six chefs d'accusation en tant que PDG et en tant que personne privée, puis déféré devant un juge qui lui a signifié sa mise en détention provisoire jusqu'au 30 décembre. Ses avocats entendent faire appel de sa mise en détention mercredi au plus tard, tandis que le groupe pétrolier qualifie les charges d'«infondées».
L'arrestation de Mikhaïl Khodorkovski a jeté l'émoi dans les cercles d'affaires russes et les milieux libéraux dont il était proche. Les Etats-Unis eux-mêmes se sont déclarés «inquiets de l'escalade» des poursuites contre le groupe pétrolier, dont de nombreuses rumeurs, non confirmées par le