Bogota de notre correspondant
Arcadio Benitez a appris à vivre avec des gardes du corps. Le candidat à la mairie de Tamara, dans les plaines de l'Est colombien, a subi la violente campagne des groupes armés sur les élections municipales et départementales d'hier. Deux cents candidats auraient jeté l'éponge sous la pression de ces groupes. Arcadio Benitez venait de lancer sa campagne quand des combattants des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, se présentant comme marxistes, de fait narcoterroristes) sont venus interrompre son premier meeting, le 19 août. «Le commandant local m'a dit : "Je ne veux pas d'ennuis avec vous. Retirez votre candidature, sinon je devrais préparer une fusillade."»
La menace était à prendre au sérieux : une trentaine de candidats aux mairies et aux conseils municipaux ont été abattus cette année. Dans le même temps, neuf maires en exercice ont aussi été assassinés, généralement par les Farc, qui ont décidé de supprimer toute trace de l'Etat dans les zones sous leur domination. «Ils veulent créer ce qu'ils appellent des "assemblées populaires" rurales, qu'ils puissent contrôler à leur guise», explique Antonio Galan, président de la Fédération des conseillers municipaux.
Survie pas garantie. Dans ces conditions, Arcadio Benitez a fui à Bogota, dès le lendemain de la rencontre avec les Farc. Il lui aura fallu la persuasion de ses partisans pour revenir à Tamara, il y a dix jours, pour mener sa campagne depuis sa maison et quelques rues à la ro