Bogota de notre correspondant
Le président colombien de droite, Alvaro Uribe, devra désormais cohabiter à Bogota avec un ancien syndicaliste communiste : Luis Eduardo Garzón, alias «Lucho», élu dimanche maire de la capitale. Critique de la politique de «manière forte» d'Alvaro Uribe contre les guérillas marxistes, Lucho Garzón remporte une victoire sans précédent pour la gauche légale colombienne, longtemps persécutée par les groupes paramilitaires d'extrême droite. «Il y en a beaucoup qui doivent se réjouir là-haut», a-t-il annoncé en montrant le ciel, dans son discours d'après-victoire.
Fils d'une femme de ménage célibataire, successivement chasseur dans des clubs luxueux et messager dans l'entreprise pétrolière publique Ecopetrol, Lucho Garzón a gravi tous les échelons du syndicat maison, avant d'occuper, pendant six ans, la présidence de la première centrale ouvrière du pays. En 1998, il est contraint de s'exiler en Suisse, après le meurtre du vice-président du syndicat. Revenu «pour ne pas mourir de dépression», le dirigeant gouailleur décide de se lancer dans la politique l'an dernier, et obtient un honorable 6 % des voix aux élections présidentielles, remportées triomphalement par Alvaro Uribe.
Aujourd'hui, il est critiqué sur sa gauche pour son discours modéré. Car le nouvel édile cherche à rassurer la droite : «N'ayez pas peur de nous», a-t-il lancé dimanche soir, en appelant ses adversaires malheureux à se joindre à son cabinet. Pour Lucho Garzón, admirateur du Brésil