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Libération

L'Italie sommée de faire une croix sur le crucifix en classe

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publié le 28 octobre 2003 à 1h34

Rome de notre correspondant

«Décrochez ce crucifix du mur de la classe.» En ordonnant jeudi le retrait d'une croix exposée dans l'école primaire d'Ofena dans les Abruzzes, le juge du tribunal civil de l'Aquila Mario Montanaro vient de soulever une violente tempête politico-religieuse dans la péninsule. Une sorte d'affaire du voile islamique à l'italienne. «C'est un délire abominable», «une sentence qui n'a rien à voir avec la laïcité de l'Etat», «un excès qui n'aide pas l'islam», s'insurgent la plupart des parlementaires, alors que le Vatican est parti à l'assaut du verdict. «Le crucifix exprime l'âme profonde de notre pays et il doit donc rester comme un signe de l'identité de notre nation», a tonné le cardinal Camillo Ruini. «Je suis offensé en tant que chrétien et citoyen», a renchéri le ministre de l'Intérieur, chargé des cultes, Giuseppe Pisanu, qui s'en est pris à Adel Smith, «provocateur notoire».

Offensive. C'est cet homme, père de deux élèves d'Ofena et président de l'Union des musulmans d'Italie, qui a jeté le pavé dans la mare en déposant un recours devant le tribunal de l'Aquila. Déjà connu pour avoir défini le crucifix «comme un petit cadavre qu'il faut éliminer» dans une émission télévisée, Adel Smith mène depuis des années dans la très catholique Italie un combat solitaire pour le retrait de la croix dans les édifices publics. L'association représentant la majorité des musulmans du pays s'est même désolidarisée de son combat. Après avoir échoué une première fois