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Libération

Israël, une terre de misère qui s'ignore

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Les soupes populaires se multiplient dans tout le pays et l'Intifada entraîne une recrudescence du chômage.
publié le 4 novembre 2003 à 1h41

Jérusalem de notre correspondant

La rue Rachi, au coeur du quartier Mékor Barouh de Jérusalem, a connu des jours meilleurs : la promiscuité, les constructions branlantes, les institutions orthodoxes lui donnent son cachet, semblable à la plupart des faubourgs religieux de la ville la plus pauvre d'Israël, après Bné Brak, autre bastion orthodoxe dans la banlieue de Tel-Aviv. Il y a une dizaine d'années, Avraham Israël, homme d'affaires américain, a aidé une jeune handicapée à traverser cette rue, découvert sa mansarde et son repas quotidien : du pain et un yaourt. Habitué aux hôtels, se souvient-il, «je ne voyais rien». Rue Rachi, il ouvre sa première cantine populaire pour 17 personnes. Aujourd'hui, Hazon Yéshaya (la Vision d'Isaïe, du nom de son père) (1) sert 4 000 repas chauds par jour.

«Pauvreté en cravate». Né en Egypte, Avraham Israël, est arrivé en 1958 à Paris, démuni de tout. Dans l'attente d'un visa pour l'Amérique, sa famille mange à la soupe populaire juive de la rue Richer. «Depuis, je me suis promis de payer, en échange...» Après avoir réussi aux Etats-Unis, il a «tout arrêté» il y a huit ans, s'est installé à Jérusalem, pour se consacrer à ses bonnes oeuvres. Outre ses 4 000 repas quotidiens à Jérusalem, il en distribue aussi à Richon-Letsion et à des enfants arabes de Jaffa et de la vieille ville de Jérusalem. «J'agis en businessman, je contrôle autant la qualité que la quantité. 365 jours par an, même à Kippour. La faim ne connaît ni calendrier, ni vacances»,