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Libération

Marionnettes contre la junte birmane

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Malgré la répression, une troupe de théâtre traditionnel brocarde le régime militaire.
par Max CONSTANT, Mandalay envoyé spécial
publié le 6 novembre 2003 à 1h44
(mis à jour le 6 novembre 2003 à 1h44)

C'est un endroit à nul autre pareil en Birmanie. Un atelier aux allures de caverne d'Ali Baba au fond d'une ruelle boueuse de Mandalay, l'ancienne capitale royale dans le nord du pays. Les murs sont couverts de marionnettes traditionnelles, arborant les visages austères des rois et reines du passé. Mais l'oeil est attiré par de grandes photos de la dirigeante de l'opposition à la dictature militaire, Aung San Suu Kyi, qui vient d'entamer sa troisième période d'assignation à résidence depuis 1989. Une audace rare dans un pays où prononcer le nom du prix Nobel de la paix peut être sanctionné. Mais la troupe de théâtre traditionnel des Moustache Brothers, qui travaille et vit dans cet atelier, n'est pas du genre à raser les murs.

Symbole. «Nous sommes sur la liste noire, mais nous nous en moquons», lance, regard facétieux, Lu Maw, l'un des frères Moustache. Il commente fièrement les photos où les trois frères posent à côté de celle qui symbolise la résistance populaire à l'oppression : l'une prise avant les élections de 1990, dont les résultats, largement favorables à la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi, n'ont jamais été reconnus par la junte ; une autre de juillet de l'an dernier, quand Aung San Suu Kyi a rendu visite aux comédiens entre deux périodes de détention par les militaires.

Comédiens de Pwe (un genre satirique, entre vaudeville et théâtre dansé) depuis trois générations, Pa Pa Lay, le leader de la troupe, Lu Maw, so