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Libération

A Fallouja, au coeur de la haine antiaméricaine

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Au moins 36 soldats sont morts dans ce bastion baasiste où les Etats-Unis ont multiplié bavures et provocations.
publié le 7 novembre 2003 à 1h46

Fallouja envoyé spécial

Dans cette ville de couleur ocre hérissée de minarets, les slogans sur les murs annoncent la couleur : «Vive nos héros moudjahidin et vive notre héros Saddam», «Les habitants de Fallouja sont le symbole de la résistance.» Aucune autre ville irakienne n'a infligé autant de pertes à l'armée américaine depuis la chute de Bagdad le 9 avril. Au moins 36 soldats de la coalition ont été tués dans des attaques à Fallouja et ses environs. La dernière embuscade en date, dimanche, a coûté la vie à au moins 16 soldats américains, tués dans le crash de leur hélicoptère abattu par un missile, à deux kilomètres de la ville.

«Porcs». Dans les ruelles étroites du marché, une question sur l'occupation américaine posée à un boutiquier enflamme immédiatement les esprits : «Les Américains sont venus ici pour détruire l'Irak. Ils nous ont promis la démocratie, mais ils perquisitionnent la nuit dans nos demeures, et vont jusqu'à arrêter nos femmes et à les fouiller.» «Ils sont sales comme des porcs», lance un chaland alors qu'une foule s'agglutine, prête à l'émeute. Les paroles ne sont pas dites, mais criées avec frénésie. «Nous avons déclaré le jihad [guerre sainte, ndlr] contre l'occupant américain, assène un vendeur de fruits et légumes, et quand le reste du pays va se joindre à nous, nous le chasserons.»

Fallouja est une sorte d'exception en Irak. Même dans les autres villes rebelles du «triangle sunnite» tels Baqouba, Ramadi ou Takrit, l'exécration de l'occupant n'est pas