Berlin de notre correspondante
La survivance, après la guerre, de IG Farben in Abwicklung, l'entreprise chimique productrice du gaz Zyklon B utilisé dans les camps de la mort, représentait un scandale, y compris aux yeux de nombreux Allemands. Cinquante-huit ans après l'effondrement du régime nazi, coupable de la mort de 6 millions de juifs en Europe, le conglomérat chimique vient enfin d'être placé en liquidation judiciaire, refermant ainsi l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire allemande.
Créé en 1925, IG Farben fut, jusqu'en 1945, le numéro un mondial de la chimie. Travaillant en étroite collaboration avec les nazis, le conglomérat, qui contrôlait plus de 200 sociétés, s'est rapidement trouvé impliqué dans la politique d'extermination des juifs, gérant en direct le camp d'Auschwitz.ÊAu zénith de ses funestes activités, IG Farben employait 190 000 personnes, parmi lesquelles 80 000 travailleurs forcés. En 1948, treize dirigeants du conglomérat chimique furent condamnés par un tribunal militaire à des peines allant de six mois à six ans de prison.
Polémique. Le nom de IG Farben reste indissociable du Zyklon B, le gaz mortel mis au point par la société Degesch, une filiale à 42,5% de IG Farben et de Degussa, une autre entreprise chimique. C'est également à cause de Degesch que Degussa est aujourd'hui au centre d'une polémique concernant la construction du Mémorial de l'Holocauste, à Berlin. Degussa était censé fabriquer le produit antigraffitti destiné à protéger les