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Libération

En Bolivie, la coca ou la mort

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Les Indiens quechuas sont déterminés à empêcher l'éradication de la «feuille sacrée».
publié le 13 novembre 2003 à 1h51

Chapare envoyé spécial

Au bout de la route qui serpente entre brume et ravins, un barrage de police marque l'entrée dans le Chapare, coeur de la Bolivie. «Nous luttons contre la drogue, aide-nous», annonce un panneau en espagnol et en indien quechua. Le chauffeur de bus et ses passagers, joues gonflées par les feuilles de coca qu'ils mâchent perpétuellement, se plient au contrôle sans broncher. Ils rentrent sur leurs terres, une des plus grandes régions de culture de la coca, la «feuille sacrée». «Elle nous aide à supporter la fatigue et la faim», explique un passager dont l'haleine dégage l'odeur pénétrante de la plante. Comme ses voisins, il en mâche une boule compacte jusqu'à en épuiser les sucs, puis la recrache discrètement. Là, sur la route qui descend des Andes vers le bassin amazonien où ils la cultivent, les paysans ont défendu la coca au prix d'au moins 70 morts ces dernières années.

«Le gouvernement veut nous interdire de cultiver notre médecine traditionnelle», expose Wilder Moscoso, dans une ferme isolée de Villa Tunari, à une demi-heure de la route principale. Assis devant une cabane de planches, le secrétaire de la Fédération de paysans de la région ­ menée par le député et dirigeant socialiste Evo Morales ­ raconte la lutte de ces cultivateurs quechuas. En 1988, une loi impulsée par Washington instaure l'éradication : la plante traditionnelle des Indiens, lesquels représentent 65 % de la population, ne peut, depuis, être cultivée que dans deux zones du pays. Le