Berlin de notre correspondant
C'est un bâtiment scolaire de brique rouge, semblable à de nombreux autres. Dans la cour, quatre petites filles en foulard papotent avec leurs copines, courent, jouent à cache-cache. L'école Fichtgebirge est un établissement public de Kreuzberg, un quartier de Berlin à forte immigration turque. «C'est comme les vagues. Il y a des années avec beaucoup de foulards et des années avec peu de foulards, remarque avec humour Annette Spieler, directrice de cette école depuis treize ans. Cette année, sur 330 élèves, je n'ai que quatre filles voilées. C'est peu si l'on tient compte du fait que 80 % de ces enfants sont musulmans. Et je m'étonne qu'il n'y en ait pas plus avec le début du ramadan !» «Pour nous les Allemands, le foulard, c'est naturel, explique la directrice. Nous avons été élevés dans la tolérance religieuse.» Exclure des élèves voilées ne l'effleure pas : «Cela ne ferait que ghettoïser ces petites filles.» Mais elle n'appartient pas non plus à ces «multi-kulti» prêts à embaucher des institutrices voilées. Dans son école, «même les enseignantes d'origine turque» n'ont pas réclamé ce droit. Et pour cause : les écoles publiques berlinoises refusent de les embaucher.
Dès 10 ans. C'est pour combattre cette interdiction tacite que Fereshta Ludin a saisi la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. Six cas d'enseignantes portant le foulard ont été recensés en Nord Rhénanie Westphalie. «Si une enseignante arrivait avec son voile, on ne le prendrait pas tr