C'est le tuyau le plus crevé du royaume. Presque chaque détail de cette histoire a été publié dans la presse anglaise à mots couverts, de façon détournée, en recourant à des sous-entendus et des rapprochements qui ne trompent personne. Mais quand les journaux étrangers reproduisent la même nouvelle, avec ou sans les précautions de rigueur, leurs exemplaires sont détruits une fois arrivés outre-Manche par des distributeurs qui craignent les foudres de la loi. Le Monde, le Figaro, Libération et une quinzaine d'autres journaux européens ont ainsi disparu des kiosques britanniques pendant un ou plusieurs jours selon les cas (Libération du 12 novembre).
Vu du reste du monde, le nouveau scandale qui secoue le prince de Galles, héritier de la couronne, peut paraître surréel. Son retentissement semble plus disproportionné encore au regard des faits présumés. Charles a-t-il été surpris dans une situation compromettante avec l'un de ses employés ? Sans même parler de l'atteinte portée à une vie princière qui n'est plus privée depuis longtemps, l'allégation repose sur un unique témoignage pour le moins douteux.
L'affaire illustre, avant tout, les rapports complexes et tumultueux entre les médias et le système judiciaire en Grande-Bretagne. Deux pouvoirs qui, depuis quelques années, jouent au chat et à la souris. Confrontés à des tabloïds de plus en plus agressifs et indiscrets, les magistrats de Sa Majesté interviennent de plus en plus souvent en amont, avant publication. Quand le Mail a