Barcelone envoyé spécial
«Nous sommes un peuple à la conscience libre qui veut aller de l'avant. Si la Catalogne souhaite un jour être souveraine, elle le sera, que cela plaise ou non à Madrid.» L'auditoire, un bon millier de personnes, dont une majorité de jeunes, applaudit à tout rompre. Malgré sa petite stature, ses lunettes qui lui donnent un faux air d'intellectuel, et une moustache lui mangeant les lèvres, Josep Carod-Rovira est un leader charismatique doté du sens de la formule. En ce soir de campagne électorale, à Granollers, une bourgade de 50 000 habitants à une trentaine de kilomètres de Barcelone, le président d'Esquerra republicana (ERC, gauche républicaine catalane) s'en donne à coeur joie, dans un discours intégralement en catalan, contre le «diktat de Madrid» et l'«inacceptable engagement d'Aznar en Irak».
Stratégie. Formation indépendantiste, antimonarchique et fortement ancrée à gauche, ERC est en pleine euphorie. A la veille des législatives catalanes de ce dimanche, tous les projecteurs sont tournés vers ce petit parti en pleine ascension, qui inquiète les deux grandes formations, le Parti socialiste catalan (PSC) et les nationalistes de Convergencia i Unio (CiU, centre droit). Aux municipales de mai, ERC a raflé 400 000 voix et doublé le nombre de ses élus locaux, devenant la troisième force de Catalogne, devant le Parti populaire d'Aznar. Les derniers sondages prédisent à ERC 12 % des voix et de 17 à 19 sièges au Parlement régional (contre 12 en 1999). «Q