Tbilissi envoyée spéciale
Son apparence est anodine, costume, cravate, et raie de garçon sage sur le côté, mais son verbe est haut, à l'image de sa voix rauque et prenante. Nouveau tribun d'une opposition qui appelle à la désobéissance civile, Mikhaïl Saakachvili anime depuis plus de dix jours un mouvement de contestation pour obtenir le départ du chef de l'Etat, Edouard Chevardnadze, qu'il accuse d'avoir falsifié les législatives du 2 novembre.
Les manifestants étaient vendredi en nombre impressionnant, entre 25 000 et 40 000 selon les sources, devant le Parlement, où un plus petit nombre campe jour et nuit. Dans la foule, on remarquait les drapeaux blancs barrés de rouge de son Mouvement national, ancienne bannière du royaume médiéval géorgien, tout comme les drapeaux jaunes des Démocrates unis, le parti de Nino Bourdjanadze, qui, comme Saakachvili, exigent la proclamation de la victoire de l'opposition. A côté de ces bannières flottait aussi le drapeau blanc frappé d'un poing des jeunes de Kmara (Assez), un logo hérité des jeunes protestataires serbes d'Otpor (Résistance) qui, en octobre 2000, jouèrent un rôle décisif dans la chute de Slobodan Milosevic.
Il est d'ailleurs beaucoup question de Serbie dans cette protestation, qui emprunte aux Balkans nombre de leurs symboles et formes d'action. Chevardnadze connaîtra le même sort que Milosevic, assurait jeudi Saakachvili, en affirmant avoir déjà pour lui «une cellule de 12 mètres carrés» toute prête. Vendredi, il déclarait : «