Ce n'est pas encore le grand tournant attendu, mais l'amorce d'un virage : ainsi analyse-t-on à Paris l'évolution américaine sur l'Irak en faveur d'un transfert plus rapide du pouvoir aux Irakiens. Flattée de voir ses thèses, hier encore sèchement écartées par Washington, gagner en crédibilité, la France cherche à creuser son avantage, proposant son aide aux Américains tout en les appelant à accélérer le mouvement.
Sans rancune. «C'est une main tendue que je veux adresser à nos amis américains : nous sommes prêts à tous les rendez-vous, à toutes les concertations» : le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a donné jeudi le ton du nouvel acte qui se joue autour de l'Irak. Paris, qui affirme ne garder aucune rancune aux Américains pour être partis en guerre sans l'aval de l'ONU, est tout disposé à les aider à sortir du bourbier irakien. Un échec de la transition menacerait en effet, selon la France, non seulement la stabilité régionale mais aussi les démocraties occidentales confrontées à la montée de l'extrémisme islamique.
La «main tendue» de Paris n'a toutefois guère de signification concrète. Dans le cadre d'une occupation qu'elle récuse, la France est essentiellement prête à fournir aux Américains des conseils sur la stratégie à suivre et un soutien diplomatique au cas où Washington déciderait de revenir à l'ONU. Mais elle exclut d'envoyer des troupes, convaincue que «l'approche militaire ne peut conduire à la reconstruction de l'Irak», comme l'a répété V