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Libération

Humanitaires en première ligne en Afghanistan

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par Célia Mercier et Pascal LEMAL
publié le 18 novembre 2003 à 1h55

Kaboul envoyés spéciaux

«Cela a commencé à dégénérer en février-mars, constate Martin Lagneau, directeur de programme de Handicap International-Belgique en Afghanistan. Puis il y a eu la mort de Ricardo.» Le 27 mars, l'assassinat par des talibans de Ricardo Munguía, un délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dans la province d'Ourouzgan, a marqué un premier tournant pour la communauté humanitaire. Beaucoup d'ONG quittent alors le sud du pays, la plupart des missions sont laissées au personnel afghan et téléguidées depuis Kaboul ou Kandahar, où une vingtaine d'ONG restent retranchées. Hier, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés a suspendu ses déplacements après l'assassinat, dimanche, de l'une de ses employées, une Française de 29 ans, Bettina Goislard, tuée par deux talibans.

Dans son bureau de Kaboul, Nick Downie, employé d'Anso, qui collecte et analyse les informations concernant la sécurité des ONG dans tout le pays, soupire : «Cela fait six mois que je crie que les ONG sont devenues des cibles. L'assassinat d'un membre du CICR était un message très clair : tous les étrangers doivent dégager, personne n'est plus à l'abri.» La stratégie est simple : tuer un expatrié crée un climat de peur, les ONG partent, la reconstruction s'arrête, la frustration de la population augmente. Les talibans peuvent alors prétendre que la communauté internationale ne tient pas ses promesses et qu'eux seuls représentent un espoir pour le pays.

Menace imprévisible. Pour