New York de notre correspondant
Abu Ali Abdur Rahman, un Noir Américain de 52 ans, est dans le couloir de la mort depuis 1987. Accusé d'avoir tué un homme à coups de couteau à Nashville, il a toujours clamé son innocence. Mais en juin, Abdur Rahman s'est présenté devant un tribunal avec une démarche peu habituelle : alors que son exécution approchait, il a accusé l'Etat du Tennessee de porter atteinte à la Constitution américaine, en voulant lui infliger une «mort cruelle et inhabituelle». Dans un mémorandum, les avocats du prisonnier remettaient en cause l'utilisation d'un relaxant musculaire, le pancuronium bromure, lors des exécutions par injection mortelle. Assurant que le médicament «dissimulait» les horribles souffrances des détenus.
«Aucun rôle légitime». A la surprise générale, la juge en charge du dossier, Ellen Hobbs Lyle, reconnaissait alors que le pancuronium bromure, commercialisé sous le nom de Pavulon, «n'avait aucun rôle légitime» lors des injections, précisant «qu'il donnait une fausse impression de sérénité (...), rendant de facto les exécutions plus acceptables à l'ensemble de la société». Depuis, une vaste controverse s'est ouverte aux Etats-Unis sur l'injection léthale, méthode d'exécution considérée depuis plus de vingt ans (lire ci-contre) comme la «plus humaine».
C'est donc le recours au Pavulon qui est décrié tandis qu'il est administré avec un produit anesthésiant et du chlorure de potassium, provoquant la mort. Le problème est que si l'anesthésie ne f