Evgueni Primakov, qui fut Premier ministre de Boris Eltsine, est un expert des affaires proche-orientales. Durant le communisme, il fut correspondant de la Pravda en Egypte avant de diriger les services de renseignements. Le 22 février, il fut le dernier à rencontrer Saddam Hussein avant l'offensive américaine pour lui proposer, en vain, de quitter le pouvoir pour éviter la guerre. A Paris pour la promotion de son livre le Monde après le 11 septembre et la guerre en Irak (Presses de la Renaissance, 274 pp., 20 euros), il donne sa vision de la situation en Irak.
La décision de remettre rapidement le pouvoir aux Irakiens vous paraît-elle aller dans le bon sens ?
Je doute que cela change radicalement la situation. Car à qui va-t-on transmettre le pouvoir ? Les émigrés rentrés après la chute de Saddam ont fait la preuve de leur incapacité. Je ne vois pas qui peut remplir ce vide de pouvoir. Les chiites les plus actifs sont malheureusement des radicaux. Un gouvernement à dominante kurde serait, par ailleurs, inacceptable. Tôt ou tard, il faudra chercher quelqu'un parmi les baasistes, non pas ceux qui étaient liés au sommet du pouvoir mais plutôt chez les managers, qui ont de nombreux contacts et qui ont déclaré avoir rompu avec Saddam. En plus, pour que quelque chose change, les Etats-Unis doivent comprendre qu'il faut revenir à l'ONU. Il faudra envisager le déploiement de forces de paix. Et cela, c'est l'ONU.
Vous imaginez les Américains aller chercher un baasiste ?
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