Avec son teint sombre et ses grands yeux noirs, on lui demande souvent de quel pays elle vient tout en la félicitant de parler si bien le slovaque. «Les gens ne peuvent pas imaginer que je sois rom, sourit Maria Hornakova. Pour eux, les Roms sont sales, mal habillés et peu éduqués.» Elégante dans un pantalon noir et un pull crème ras du cou, Maria, 27 ans, est l'une des rares Roms slovaques passés par l'université : elle a fait l'Institut pédagogique à Kosice, la grande ville de l'est de la Slovaquie. Aujourd'hui elle travaille à la Roma Press Agency (1), une petite agence de presse créée en février 2002 qui cherche à redresser l'image des Roms dans les médias.
Honte. Les Roms de Slovaquie sont estimés à 500 000, près de 10 % de la population totale (5,4 millions). Lors des recensements, moins de 100 000 se déclarent comme tels, la plupart préférant, par honte, se dire slovaques ou hongrois. Travailleurs agricoles ou manoeuvres durant le communisme, ils comptent parmi les grands perdants de la transition. Sans qualification et victimes de discriminations, beaucoup n'ont pas retrouvé d'emploi après la fermeture des grandes entreprises. Dans des quartiers comme Lunik IX, la cité-ghetto de Kosice, le chômage atteint 90 %. La coupe des budgets sociaux les atteint aussi de plein fouet.
Dans la perspective de son entrée dans l'Union européenne, la Slovaquie a signé les textes internationaux garantissant les droits des minorités. A plusieurs reprises lors des négociations d'adhésion,