A l'occasion du 70e anniversaire de la grande famine qui a fait des millions de morts, l'Ukraine a lancé une campagne internationale pour faire reconnaître cette tragédie comme un génocide perpétré par le régime stalinien. A Paris, où l'on estime officiellement que le terme de génocide est «excessif», un colloque international à la Sorbonne, réunissant des historiens, comme Stéphane Courtois et Nicolas Werth, et l'écrivain Leonid Pliouchtch, devait apporter une légitimité scientifique à la demande ukrainienne.
Cannibalisme. Douze ans après l'effondrement de l'URSS, l'Ukraine indépendante n'en finit pas de faire la lumière sur son histoire, débarrassée des mensonges communistes. En 1933, Staline décide d'en finir avec la résistance des koulaks («paysans»). Des régions entières sont affamées ; les récoltes et les biens des paysans, qui ont interdiction de quitter leurs villages, sont saisis ; on assiste à des scènes monstrueuses de cannibalisme au sein des familles. L'Ukraine, le «grenier à blé» de l'URSS, est particulièrement touchée, avec de 4 à 7 millions de victimes, selon les sources.
La campagne de l'Ukraine heurte la Russie, héritière de l'URSS. «Nous ne prévoyons pas de demander pardon à Kiev, a récemment déclaré l'ambassadeur russe en Ukraine. La famine a également touché le Kouban, l'Oural (en Russie, ndlr) et d'autres régions (comme le Kazakhstan, ndlr).» Paris a à peu près la même analyse. «L'objectif des autorités soviétiques n'était pas tant de détruire un groupe e