Vukovar envoyé spécial
Avec la tombée de la nuit, le concert des marteaux piqueurs et des scies électriques s'est tu. Sur les hauteurs de Vukovar, en plein chantier, une ruelle bordée de petites maisons fraîchement reconstruites est faiblement éclairée par la flamme vacillante des bougies posées sur le rebord des fenêtres par les Croates. Ces derniers commémorent la chute de la ville martyre, le 18 novembre 1991, massacrée par les forces serbes au terme de trois mois d'un siège qui a fait plus de 1 600 victimes (sur 45 000 habitants à l'époque). Dans la ruelle, les foyers des Serbes de Vukovar sont aisément identifiables : chez eux, pas de bougie.
Douze ans après la tragédie, les deux communautés, qui iront voter aux législatives dimanche (lire encadré), coexistent à nouveau sur les bords du Danube, séparées par le souvenir cruel des événements de l'automne 1991. En début de semaine, deux cortèges ont pris des directions opposées pour honorer leurs morts dans des cimetières de la ville. «Nous sommes toujours à la recherche de 400 disparus, souligne le porte-parole croate de la mairie, Tomislav Corak. Les Serbes, dont certains savent où sont localisés les charniers autour de la ville, pourraient favoriser la réconciliation en nous aidant à les retrouver.» Mais, jusqu'à récemment, les autorités serbes célébraient, le 18 novembre, la «libération» de Vukovar, situé juste à la frontière de la Serbie.
Les temps ont changé. Au terme du processus de réintégration pacifique, supervisé d