Londres de notre correspondant
Depuis près de dix-sept ans, la baronne Strange s'efforce d'égayer un Parlement aussi sombre et austère qu'une église. A chaque saison, elle fait venir des fleurs du château de Megginch, sa propriété du nord-est de l'Ecosse. «En ce moment, ce sont des dahlias et des pois de senteur», déclare-t-elle avec fierté devant l'un de ses bouquets placé en évidence dans un vase près de St Stephen, la porte réservée au public.
Cette pair du royaume se sent chez elle dans ces salles néogothiques et pas seulement à cause du temps qu'elle y passe. A 75 ans, elle ne voudrait pour rien au monde manquer ses «merveilleux débats». Le palais de Westminster, avec son Big Ben est, pour elle, «un second foyer». Lorsqu'elle traverse les couloirs, elle montre du doigt les portraits de ses lointains ancêtres. «Je descends de la plupart des rois d'Angleterre jusqu'à Henri VII», précise-t-elle devant les peintures de la reine Marie, sa parente.
Sur la terrasse qui borde la Tamise, elle a fêté ses noces de rubis et marié sa fille à un Français, le duc de Magenta. A la chapelle St Mary, elle a baptisé l'un de ses petits-fils. Mais surtout, elle occupe un siège détenu par les siens depuis près de quatre siècles. La baronne Strange compte parmi les derniers lords héréditaires de la Chambre haute. Une survivance aujourd'hui menacée par un projet de réforme du gouvernement néotravailliste (lire ci-dessous).
«Rancoeur». «Un arbre sans racine ne donne pas de fruit. L'hérédité fait pa