Istanbul envoyé spécial
Le scandale a éclaté en direct sur un plateau télévisé avec le dérapage verbal d'un intellectuel islamiste de renom rompant avec l'indignation unanime après les deux doubles attentats qui ont frappé Istanbul. «Si tu gagnes une guerre d'indépendance, tu es un héros. Si tu la perds, tu es terroriste», a lancé, dans un débat sur Star TV, Abdurhaman Dilipak, chroniqueur du quotidien islamiste radical Vakit et prédicateur écouté par beaucoup de jeunes musulmans déçus par ce qu'ils estiment être «les compromissions» sinon «la trahison» de l'AKP, le parti au pouvoir qui s'affirme «musulman-démocrate». Le présentateur lui a demandé de corriger ses propos. Il a refusé, précisant qu'il s'agissait là «des conceptions» de ceux qui mènent ce genre d'actions et non des siennes.
Calcul. Jadis militant aux propos enflammés, Abdurhaman Dilipak a, depuis, adapté son discours défendant les réformes libérales qui permettent à un «islam authentique» de se développer dans la société. Mais il a gardé ses convictions et, pour nombre de ses adversaires, cette phrase choc était calculée. Deux jours plus tard, pour calmer les polémiques, il était en tête du petit cortège qui défilait à Istanbul «pour la paix, contre la violence et le terrorisme». Ils n'étaient guère plus d'un millier. Derrière, deux mille militants d'extrême gauche clamaient : «On connaît les assassins, ce sont Bush, Blair et Sharon.»
Face à l'indignation des élites et d'une Turquie moderne convaincue d'être visée