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Un «Renard blanc» usé par le pouvoir

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Chevardnadze n'a pas su gérer la sortie du communisme, laissant s'instaurer une corruption généralisée.
publié le 24 novembre 2003 à 2h00

Tbilissi envoyée spéciale

Accueilli il y a onze ans comme l'homme de la dernière chance par une Géorgie déchirée par la guerre civile et les conflits interethniques, Edouard Chevardnadze, qui a quitté hier le pouvoir, n'était plus qu'un homme seul, haï pour avoir laissé son entourage s'enrichir d'une manière éhontée dans un pays qu'il a échoué à sortir de la pauvreté.

Chevardnadze, surnommé le «Renard blanc du Caucase» en raison de sa chevelure blanche et de sa capacité à rebondir, avait longtemps réussi à faire oublier son passé communiste. Il y a peu de temps encore, cet homme de 75 ans, qui avait assumé les fonctions de ministre de l'Intérieur puis de premier secrétaire du Parti communiste de la République soviétique de Géorgie avant de monter à Moscou en 1985 comme ministre des Affaires étrangères de Mikhaïl Gorbatchev, avait une réputation de libéral. Il était celui qui avait accompagné la perestroïka, laissé s'effondrer le Mur de Berlin et le bloc de l'Est sans user de la force, et enfin celui qui, huit mois avant le putsch de 1991, avait démissionné de son poste pour mettre en garde contre un coup d'Etat.

Equilibres. Revenu dans son pays en 1992 comme chef du Conseil de sécurité, Edouard Chevardnadze avait été élu une première fois président en 1995 et réélu en 2000. Il avait annoncé il y a plusieurs mois qu'il ne se représenterait pas au terme de son mandat en l'an 2005, conformément à la Constitution qui ne permet pas à un président de faire plus de deux mandats. Sorti