On se fait répéter une fois, deux fois, trois fois le nombre de ses voitures. On se dit que ce n'est pas possible. Et puis, à l'énumération des autres folies d'Oudaï, le fils aîné de Saddam Hussein, que les Américains ont tué en juillet à Mossoul en même temps que son frère Qoussaï, on finit par admettre ce chiffre. Oudaï avait... 5 000 voitures. Des Porsche, des Mercedes, des Maserati, des Rolls-Royce... Une invraisemblable passion que raconte Khaled Jassem, qui travailla pendant une vingtaine d'années avec lui. Rédacteur en chef du quotidien sportif Al-Baas al-Riadhi, qui faisait partie du groupe de presse dirigé par Oudaï, cet homme d'une quarantaine d'années a subi humeurs et colères de celui qu'il décrit comme un «monstre» : «Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi cruel. Ma vie était un cauchemar. J'avais peur en permanence.»
Une peur terrible d'abord provoquée par un simple mot : la falaqa. A la moindre erreur, Oudaï infligeait à ses collaborateurs ce terrible supplice qui consiste à frapper avec un bâton la plante des pieds de la victime allongée sur une planche, les jambes maintenues par des attelles et les pieds qui dépassent. «Deux de ses gardes du corps emportaient en permanence avec eux le matériel nécessaire. J'ai subi ce châtiment quatre fois. La dernière, c'était un mois avant le début de la guerre, avec trois autres employés. En mettant en page un article, nous n'avions pas remarqué que l'étoile sélectionnée par l'ordinateur pour indiquer chaque paragraphe était