Tokyo de notre correspondant
«Célibataire parasite» vivant aux crochets de ses parents, Nana, 29 ans, était une office lady modèle. Jeune, charmante, souriante, elle répondait parfaitement au téléphone, gérait les photocopies et, ayant suivi des cours de cérémonie du thé, avait été attelée par son patron au service de l'immanquable ocha (thé japonais) gracieusement offert au visiteur. Depuis six mois, Nana n'a plus d'emploi. Victime de harcèlement moral et sexuel au bureau, elle a quitté de son gré, en février, l'agence matrimoniale de Minato-ku (Tokyo) où elle travaillait depuis quatre mois à peine. «Je n'ai pas eu le choix, raconte-t-elle. L'épouse du shasho (patron), coprésidente de la société, partait la première le soir. Le travail affluait. J'étais toujours la dernière au bureau. Le patron en profitait. Souvent, il s'approchait, me caressait une épaule, les cheveux... J'étais pétrifiée. Il me demandait de l'accompagner dîner. N'étant jamais consentante, il s'est vengé en me donnant de plus en plus de travail. Un soir, j'ai craqué et suis partie définitivement.»
Dépression. Demander des explications, contacter un avocat ? «Je n'en ai eu ni le courage ni l'énergie, j'ai voulu oublier», dit-elle. Rejoindre les registres d'une agence Hello Work (ANPE nippone) ? Non plus. Nana a plongé dans la dépression. Visant un emploi (plus) sûr, si possible dans une gaishi-kei (entreprise étrangère), Nana filtre les propositions, court les foires à l'emploi et balise les sites d'offres p