Bogota de notre correspondant
Pour la première fois en près de dix ans, un groupe armé s'engage à rendre les armes en Colombie. Les Autodéfenses unies de Colombie (AUC), groupes illégaux antiguérilla, ont démobilisé 850 de leurs combattants, mardi au cours d'une cérémonie officielle à Medellin. «On ne peut que se réjouir de la disparition du groupe le plus violent et le plus inhumain du conflit colombien», a salué l'évêque Guillermo Vega, chargé de l'action sociale de l'Eglise dans la seconde ville du pays. Apparues dans les années 80 sous l'impulsion de grands propriétaires, d'industriels et de narcotrafiquants, ces armées privées comptent aujourd'hui entre 10 000 et 15 000 paramilitaires dans tout le pays. Elles mènent une lutte sans merci contre les guérillas d'extrême gauche, l'Armée de libération nationale (ELN, 4500 hommes) et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, 17 500 combattants), mais aussi contre tous ceux qu'elles associent à l'idéologie marxiste. Syndicalistes, dirigeants politiques de gauche et paysans accusés de sympathie avec l'ennemi sont tombés sous les coups des AUC, surnommés «les coupeurs de têtes».
Le début de leur démobilisation, qui doit aboutir à leur disparition avant 2006, soulève pourtant de nombreuses questions, au point que l'ONG américaine Human Rights Watch a qualifié la cérémonie de «parodie». Première interrogation : le risque d'impunité totale. Un projet de loi cherche à protéger les auteurs matériels et intellectuels des cri