Abidjan de notre correspondante
Excédé, le chauffeur a réussi à récupérer son permis de conduire après vingt minutes de palabres avec le policier ivoirien qui le lui avait arraché. «Si je te dis pourquoi il m'a verbalisé, tu ne me croiras pas, lance-t-il à sa passagère française. Il m'a reproché d'avoir pris une Blanche.» Une mésaventure semblable est arrivée quelques semaines auparavant à un médecin occidental qui a obtenu la nationalité ivoirienne en 1975. A un barrage, un agent a contesté la validité de sa carte d'identité ivoirienne. «Il répétait que mon ambassade doit être marquée sur la carte, raconte l'homme encore éberlué. En trente ans, c'est la première fois qu'une telle chose arrive.»
Le sentiment antifrançais, attisé par les partisans du camp présidentiel, reste latent. Le 19 novembre dernier, lors de la reconstitution de l'assassinat de Jean Hélène, le correspondant de RFI abattu en octobre par un policier, une cinquantaine de partisans du meurtrier s'étaient rassemblés à proximité du lieu, pourtant «sécurisé» par la police, à quelques centaines de mètres seulement de la présidence de la République. Tout en tentant d'agresser les quelques journalistes français présents, les manifestants scandaient des slogans hostiles : «Vous les Blancs, on va vous tuer» ; «Si on touche à un cheveu de Laurent Gbagbo, les 23 000 Français y passent». En septembre dernier, des casseurs ont saccagé les locaux de trois sociétés à capitaux français.
«Sorbonnards». «On a peur», avoue une