Laurent Gbagbo, le président de la Côte-d'Ivoire, est un amateur invétéré du jeu de dames, un tacticien qui pèse et sous-pèse la moindre de ses déclarations avant de prendre la parole. Jeudi soir, il l'a encore prouvé lors d'une allocution diffusée par la télévision publique, au cours de laquelle il a appelé les ex-rebelles (rebaptisés «Forces nouvelles»), qui tiennent la moitié du nord du pays depuis septembre 2002, à «saisir la main que leur tend la nation». Le ton se voulait apaisant, mais le chef de l'Etat s'est gardé d'évoquer la principale concession réclamée par ses adversaires qui boycottent, depuis plus de deux mois, le processus de paix : la délégation d'une partie de ses pouvoirs au Premier ministre «de consensus», Seydou Diarra, comme le prévoient les accords signés en janvier à Marcoussis.
Laurent Gbagbo a, néanmoins, indiqué avoir présidé, jeudi, un Conseil des ministres qui a examiné les principaux textes de loi prévus par les accords de paix pour traiter le malaise ivoirien à la racine, notamment la modification des conditions d'éligibilité à la présidence de la République, la réforme du code de la nationalité et celle du code foncier. De quoi rassurer partiellement Paris, qui a déployé 4 000 hommes sur le terrain pour éviter un embrasement général en Côte-d'Ivoire : le Quai d'Orsay a fait part, vendredi, de sa «satisfaction», appelant aussitôt les représentants des Forces nouvelles à reprendre leur place dans le gouvernement d'union nationale. Ces derniers on