Jérusalem de notre correspondant
Yaacov Péri a dirigé le Shin Beth, le service de renseignements intérieurs d'Israël, de 1988 à 1995. Avec d'autres anciens chefs du Shin Beth, Avraham Chalom, Carmi Guilon et Ami Ayalon, il a participé à la mise en garde publiée, le 14 novembre, dans le quotidien populaire Yédiot Aharonoth (Libération du 15 novembre). Leur démarche, exceptionnelle, avait pour objet d'avertir Israël de la «catastrophe» qui le menace, s'il ne renonce pas à l'«idéologie du Grand Israël» et s'il ne prend pas en considération la «souffrance» des Palestiniens.
Avez-vous été surpris par les réactions que vous avez provoquées ?
Non. Si quatre anciens chefs du Shin Beth parviennent à la même conclusion sur la situation actuelle, il était prévisible que cela aurait un écho dans l'opinion.
Vous qui connaissez bien la société palestinienne, pensez-vous qu'elle soit prête à la paix ?
Il existe une différence entre la rue et la direction palestinienne. Il en existe une autre entre ce que les gens osent dire et entre ce qu'ils craignent. Je crois, grosso modo, que la majorité de cette société est en faveur de la paix, à l'exception, peut-être, de membres des organisations islamistes. Et même, au coeur de la direction palestinienne, il faut faire la différence entre les «pragmatiques» et ceux qui le sont moins. Sans doute n'avons-nous pas, pour l'heure, de partenaire palestinien, mais nous n'avons pas de temps à perdre : il nous faut d'abord envisager ce qui est bon pour Israël.