Du bouclier à l'automitrailleuse... En quelques heures, la situation militaire en Côte-d'Ivoire peut dégénérer, comme l'ont montré les affrontements de M'Bahiakro, samedi soir. Ils illustrent ce qu'un récent document interne de l'armée de terre qualifie d'«inflexion notable» dans les engagements de la France en Afrique.
Les incidents de samedi ont opposé les militaires français de l'opération Licorne aux «patriotes» ivoiriens, civils ou militaires, qui tentaient de pénétrer dans la zone de confiance séparant le pays entre loyalistes et rebelles. Dans un premier temps, des gendarmes mobiles français ont tenté d'interdire le passage d'un pont à un groupe de 300 à 400 personnes. Les gendarmes étant débordés, des fantassins plus lourdement armés ont été engagés dans une manoeuvre de «contrôle de foule». Puis des blindés légers Sagaie ont dû intervenir, avec deux tirs de semonce, pour arrêter des véhicules blindés ivoiriens BMP. L'un d'entre eux a pris feu, après avoir reçu une grenade fumigène. Selon l'état-major, aucun blessé n'est à déplorer de part et d'autre.
Paris, qui maintient près de 4 000 hommes en Côte-d'Ivoire, a fait monter d'un cran son niveau d'engagement par rapport aux crises africaines précédentes. Des véhicules blindés sont systématiquement envoyés sur ce théâtre d'opérations, là où de l'infanterie légère aurait encore été déployée il y a dix ans.
«Les affrontements se sont considérablement durcis contre un adversaire de plus en plus déterminé et de mieux en mieux