Signe du prix que la Turquie accorde à ses aspirations européennes, Ankara a fini, hier, par céder au quatrième ultimatum lancé par le Conseil de l'Europe. En versant un chèque de 1,12 million d'euros à une Chypriote grecque chassée de sa maison au nord de l'île après l'intervention de l'armée turque en 1974. Quatorze ans après avoir saisi la Cour européenne des droits de l'homme, Titina Loizidou obtient ainsi réparation de cette violation de son droit de propriété.
Trente ans de division. «C'est une date importante pour le système collectif de mise en oeuvre des droits de l'homme qui est celui du Conseil de l'Europe», s'est félicité, hier à Strasbourg, son secrétaire général Walter Schwimmer. C'est aussi un pas significatif de la Turquie, en vue peut-être d'un règlement global du problème de la partition de Chypre, à cinq mois de l'adhésion à l'Union européenne de cette île divisée depuis bientôt trente ans.
Déclarée coupable fin 1996 par la Cour de Strasbourg, la Turquie avait été condamnée, en 1998, à verser à Titina Loizidou 640 000 dollars de dédommagement. Une somme qui, les intérêts filant, a fini par dépasser le million d'euros. Malgré des injonctions répétées, la Turquie a longtemps refusé de se sentir concernée par cet arrêt de la Cour, bien que tout Etat membre du Conseil de l'Europe soit pourtant tenu de s'y plier. La ligne d'Ankara consistait à se réfugier derrière la «souveraineté» de la République turque de Chypre du Nord (RTCN), Etat fantoche non reconnu par le