Menu
Libération
Portrait

Un cheikh chiite atypique qui bouscule l'islam en Irak

Article réservé aux abonnés
publié le 3 décembre 2003 à 2h10

Bagdad envoyé spécial

Dans le cendrier posé sur le tapis à côté de cheikh Sayyed Ayad Jamaluddin, le mégot d'un gros cigare apparaît comme un bel affront. Quel invité s'est permis de fumer devant ce dignitaire chiite, descendant de surcroît de la famille du Prophète ? La bienséance exige le strict respect de quelques interdits, comme celui d'allonger les jambes devant lui, même quand la crampe menace, et bien sûr d'allumer une cigarette. C'est le religieux lui-même qui fournit la réponse. A la fin de l'interview, il ouvre un élégant coffret, dans lequel on pourrait imaginer trouver un Coran. Et il en sort quelques magnifiques cigares ­ des Cohiba Série limitée ­ qu'il offre à ses visiteurs avant d'en embraser un pour lui-même. «Aux Emirats, je fumais plutôt des Roméo et Juliette. A Bagdad, je préfère les Cohiba.» Cheikh Ayad est sans doute le moins conventionnel de tous les religieux chiites.

Treize siècles de tyrannie. Après de longs séjours en Iran et à Dubaï, il est revenu en Irak pour faire de la politique. Et en même temps bousculer l'islam. Et n'y va pas par quatre chemins «Nous soutenons la guerre de l'Amérique contre Saddam Hussein, de façon franche et ouverte. Saddam ne fut pas le seul dictateur irakien. Nous avons connu treize siècles de tyrannie au nom de la religion. Depuis le premier gouvernement islamique connu. Nous n'avions jamais pu y mettre fin avant cette guerre. Pour la première fois, s'offre enfin à nous l'occasion de créer un Etat laïque. Nous n'en aurons