Ahmed Ouyahia, le Premier ministre algérien, est un homme de parole. Il avait prévenu les enseignants du secondaire, en grève depuis plus de deux mois, qu'il hésiterait d'autant moins à les licencier que 180 000 diplômés sont à la recherche d'un travail. Depuis dimanche lendemain de l'ultimatum les sommant de reprendre les cours , des centaines d'enseignants, des «milliers», selon les syndicalistes, ont reçu des lettres de licenciement. Des «meneurs» sont convoqués par la police, et les représentants du CLA et du Cnapest, les deux syndicats autonomes à l'origine de la grève, sont menacés de poursuites judiciaires. Les autorités, qui n'avaient eu recours à une répression massive que pour briser la grève du FIS en 1992, justifient les grands moyens employés pour casser ce mouvement par l'importance de la reprise du travail. Or celle-ci est bien moins importante qu'Alger l'affirme, en dépit de la peur qui a conduit certains enseignants à cesser leur protestation.
Le Cnapest et le CLA avec lesquels les autorités refusent de négocier réclament une revalorisation du salaire de base des enseignants (entre 10 000 et 12 000 dinars mensuels, soit 108 et 130 euros). Et ont rejeté une prime de 5 000 dinars (55,5 euros), acceptée par l'UGTA, l'ex-syndicat unique. «C'est la grève de la dignité», résume le CLA en dénonçant une volonté de faire pourrir le mouvement.
C'est aussi un bras de fer ayant pour enjeu l'existence de syndicats autonomes qu'Alger refuse de reconnaître. Il s'agit