«Propos choquants» : opposants tunisiens et organisations de droits de l'homme ont été unanimes à dénoncer, hier, le blanc seing délivré par Jacques Chirac au régime de Zine Ben Ali. En visite officielle en Tunisie depuis mercredi, le président français a réussi une contre-performance : placer son voyage sous les auspices des droits de l'homme, sujet sensible que l'Elysée, de Moscou à Alger en passant par Pékin, préfère généralement reléguer au second plan.
Un point de presse a au contraire provoqué un tollé. Les 51 jours de grève de la faim de l'avocate Rhadia Nasraoui qui ne demande rien d'autre que la fin du harcèlement policier dont elle fait l'objet avec sa famille et ses clients ? «J'en ai touché un mot... j'en ai parlé... avec le président Ben Ali, j'espère que cette affaire trouvera rapidement une issue», a affirmé Jacques Chirac. Non sans ajouter : «Mais nous avons aussi en France des personnes qui ont fait la grève de la faim, qui l'ont faite, qui la feront.»
«Mangez». Le chef de l'Etat a aggravé le mal par un plaidoyer en faveur des «libertés réelles» plus fréquent du côté de Cuba ou Moscou que dans les capitales occidentales où on considère que le premier des droits est la liberté. «Le premier des droits de l'homme c'est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat. De ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays», a déclaré Chirac en précisant : «Mais nous avons chacun nos critères d'appréciati