Menu
Libération

Shirin Ebadi nobélisée sans voile et pas sans reproches.

Article réservé aux abonnés
publié le 11 décembre 2003 à 2h16

Les extrémistes iraniens lui avaient enjoint de se couvrir du voile pour recevoir le prix Nobel de la paix 2 003 ­ un diplôme, une médaille d'or et 1,12 million d'euros. Discrètement maquillée, vêtue d'un tailleur rosé, Shirin Ebadi, 56 ans, n'en a eu cure : elle était tête nue lors de la cérémonie qui a fait d'elle, hier à Oslo, la première femme musulmane à recevoir une récompense plus que centenaire pour son combat en faveur des droits des femmes et des enfants en Iran. Un choix qu'Ole Mjoes, le président du comité Nobel, a expliqué par une volonté d'«encourager le dialogue entre peuples et civilisations à un moment où l'islam est diabolisé dans beaucoup d'endroits du monde occidental».

Shirin Ebadi lui a répondu en affirmant d'emblée qu'«islam et respect des droits des femmes sont compatibles». Avant de préciser, sous l'oeil de l'ambassadeur d'Iran en Norvège : «La discrimination des femmes dans les pays musulmans a ses racines dans la culture patriarcale et essentiellement masculine de ces pays, pas dans l'islam.»

Etats-Unis épinglés. S'exprimant en farsi, l'avocate iranienne a profité de la tribune d'Oslo pour lancer un message pacifiste et dénoncer un double langage des Occidentaux, s'interrogeant sur les raisons pour lesquelles «certaines décisions et résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sont contraignantes quand d'autres ne le sont pas». Mais elle a surtout épinglé, en termes à peine voilés, les Etats-Unis. La nouvelle prix Nobel de la paix, les a ainsi accusés