(correspondante à Montréal)
Enfin ! Après un dernier voyage officiel en début de semaine en France, pour lancer avec Chirac les célébrations du 400e anniversaire de la présence française au Canada Jean Chrétien a tiré sa révérence, vendredi. Le Premier ministre canadien, au pouvoir depuis 1993, passe le flambeau à son rival, Paul Martin, qui lui succède à la tête du Parti libéral (PL) et comme chef du gouvernement (Libération du 14 novembre).
Annoncée depuis quinze mois, cette passation de pouvoirs était très attendue par une majorité de libéraux dont l'impatience s'est muée en exaspération le mois passé, lorsque Jean Chrétien a avoué avoir renoncé à sa retraite en 2000 essentiellement pour contrarier les ambitions de Paul Martin. «On ne bouscule pas Chrétien», a-t-il fait valoir. A bientôt 70 ans, le «p'tit gars de Shawinigan» n'a rien perdu de son esprit bagarreur.
Rebelle. Dix-huitième d'une famille de dix-neuf enfants, atteint de surdité partielle, de dyslexie et d'une légère paralysie faciale, Jean Chrétien, garçon rebelle, est resté un batailleur tout au long de ses quatre décennies de carrière. Elu député à 29 ans, devenu un an plus tard secrétaire parlementaire de Lester Pearson, il obtient plusieurs portefeuilles ministériels, dont celui des Affaires indiennes qu'il affectionne particulièrement. Après une parenthèse de quatre ans suscitée par une défaite à la course à la direction de son parti pendant laquelle il rédige ses mémoires, travaille comme avocat et a