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Libération

Le cannabis, nouvelle manne agricole au Canada

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publié le 16 décembre 2003 à 2h21

Vancouver envoyée spéciale

Les sept policiers armés encerclent la petite maison d'une banlieue ouvrière, puis y pénètrent par la force. Les locataires sont absents du trois pièces sommairement meublé. Tandis que ses collègues de la police de Vancouver fouillent l'endroit, l'inspecteur Woods se rend au sous-sol d'où monte une odeur âcre. En bas de l'escalier, alignés avec soin, 300 plants de marijuana prêts à être récoltés. Les murs de la pièce sont recouverts de feuilles d'aluminium reflétant la lumière de 15 lampes très puissantes. Une petite salle adjacente, éclairée de néons fluorescents, fait office de pépinière. L'équipe «Grow-Buster» (chasseurs de grow-operations, ces cultures intérieures de cannabis) se met au travail. En moins d'une demi-heure, les plants sont détruits, le matériel confisqué et la maison scellée. Pourtant, aucune plainte ne sera déposée. «C'est inutile, je perdrais mon temps, les tribunaux sont débordés», justifie Woods.

Chris Taulu, responsable d'un centre communautaire, dénonce le manque de soutien de la justice. «Il y a eu 32 plaintes dans mon quartier. Résultat : deux producteurs sont allés en prison et cinq autres ont eu 100 dollars d'amende.» L'objectif n'est donc plus d'éradiquer le problème, mais de le déplacer. «L'idée c'est de porter aux producteurs un coup financier», précise l'inspecteur Woods. En trois ans, les Grow-Busters ont effectué plus de 1 500 opérations, surtout grâce à des dénonciations anonymes ­ ou à la compagnie d'électricité a