Harare envoyée spéciale
«Les premières nuits dans l'appartement en ville, je ne pouvais pas dormir, je faisais cauchemar sur cauchemar», explique Alex Van Leenhoff, l'un des nombreux fermiers blancs à s'être installés à Harare, après avoir été chassé de sa ferme. Alex, 54 ans, a donc déménagé en banlieue dans une maison «louée à bas prix», explique-t-il. Comme beaucoup de ses amis, le descendant de colons hollandais s'est reconverti dans le commerce. Sa femme, kinésithérapeute, s'envole pour Londres tous les deux mois pour rapporter un salaire en livres sterling.
1 350 hectares. Alex dit ne pas avoir d'économies : tout son capital était dans sa ferme de 1 350 hectares, l'une des plus grandes de la région du Nord-Karoi. Avec 300 ouvriers agricoles, il produisait de tout, du maïs, du café, du tabac. «J'ai construit deux écoles et une clinique et j'avais le respect des chefs traditionnels. Quand les hommes de Mugabe sont venus prendre ma ferme, ils étaient 300 et m'ont tabassé devant ma famille et mes employés», explique l'homme barbu au physique de bûcheron. «Je suis trop vieux pour refaire ma vie en Australie ou au Mozambique comme d'autres, je refuse de partager ma ferme avec un autre, jamais !»
Selon Justice pour l'agriculture (JAG), une organisation de défense des droits des fermiers blancs, quelque 1 500 fermiers blancs sur 4 500 ont quitté le Zimbabwe pour l'Afrique du Sud, le Mozambique, la Zambie, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande depuis le lancement de la politique de r