Moscou de notre correspondante
Tous habillés de sombre, comme pour des funérailles, c'est en rangs serrés que les dirigeants de Ioukos se sont présentés hier devant la presse à Moscou, pour assurer qu'ils comptent continuer à se battre, malgré les attaques qui continuent de pleuvoir sur leur groupe. L'annonce officielle, la veille, de l'abandon de la fusion du groupe avec Sibneft n'a pas amoindri leur combativité. «Nous avons acquis 92 % de Sibneft, et cette part de Sibneft fait maintenant partie intégrante de Ioukos», a souligné le vice-président de Ioukos, Iouri Beïline. «Sibneft est une filiale de Ioukos», a même négligemment glissé le directeur financier de Ioukos, l'Américain Bruce Misamore. Un bel aplomb, alors que le fondateur et principal actionnaire du groupe, Mikhaïl Khodorkovski, devenu ennemi public numéro 1 de Vladimir Poutine, croupit toujours en prison depuis le 25 octobre, et que perquisitions, menaces de redressements fiscaux et de retraits de licences ébranlent chaque jour un peu plus l'entreprise.
Divorce. Le 28 novembre, les actionnaires de Sibneft, le cinquième groupe pétrolier russe, ont donné le coup de Jarnac, en annonçant vouloir renoncer à la mégafusion en cours entre les deux groupes. Le divorce est possible, ont rétorqué hier les dirigeants de Ioukos, mais il devra être négocié et ne sera pas gratuit. En échange des 92 % de Sibneft, Ioukos a donné 26 % de ses parts à son plus petit partenaire et versé 3 milliards de dollars. Si la fusion est abandon